Entre Saint-Pétersbourg à l'ouest, et Vladivostok à l'est, la Russie s'étend sur 9000 km, et à peu prés au milieu, sur la fameuse voie du Transsibérien, se situe Novossibirsk.
La ville compte plus de 2 millions d'habitants, elle est la 3ème grande du pays, après Moscou et Saint Pétersbourg. Nous sommes là en Sibérie, à la porte de l'Asie.
Si vous allez un jour là-bas, vous irez forcément sur la Krasnyi Prospekt, l'avenue Rouge, qui traverse la ville du nord au sud.
De la place Kalinina jusqu'au parc Gorodskoe Nachalo, en bordure de l'Ob, il y a au moins 5 ou 6 km, sans quitter la Krasnyi.
De chaque coté de cette large avenue, vous verrez certainement les immeubles gris des années 60-70, certains commerces ressemblant à des entrepôts, les nombreux kiosks à Pirojkis, les piétons évoluant tranquillement et surement vers leurs destinations.
En mars, vous regarderez les passants louvoyant entre les plaques de verglas, les amas de neige et les flaques d'eau naissantes ... Les Russes font cela naturellement, car au cours du temps, ils ont développé un instinct pour se déplacer sans encombre, y compris pour cette dame élégante, perchée sur de hauts talons.
Et bien sûr vous croiserez la rue Dostoievskovo, puis la Gogolya, et de nombreuses rues «"romanesques"»...
Petit à petit, les immeubles sont moins gris, plus récents, les vitrines plus avenantes... et vous rejoindrez immanquablement la place Lénine.
Sur la Plochad Lenina, votre regard se posera sans doute sur les statues géantes qui représentaient naguère le nouveau monde soviétique.
En arrière plan se dresse l'immense coupole du Théâtre-Opéra, chaque jour se tient là une représentation d'un ballet ou d'un opéra, le plus souvent classique, l'endroit est bien sûr incontournable.
Et on se dit que tout est tellement grand, ici, les statues, les bâtiments, les gares, les avenues et leurs trottoirs si larges, …tout à l'échelle de ce vaste pays ...
Et on se dit aussi que c'est étrange, ce mélange de genres architecturaux, les immeubles khroutcheviens, les chapelles et églises aux chapeaux dorés, les tours de verre modernes…....
Et parfois, au détour d'une rue transversale, vous tomberez sur une izba miraculée, faites de fustes massives et de boiseries finement sculptées. C'est pour moi comme un symbole de ce que certains appellent l’âme russe, une alchimie qui combine la force et la délicatesse; un subtile mélange, la méthode et la fantaisie à la fois.
Vous continuerez sur l'avenue Krasnyi, traverserez la rue Maxima Gorkovo, puis évidemment vous atteindrez la rue Sverdlova, sur la gauche, vous tournerez sûrement la tête sur la droite, attiré par le style constructiviste du musée national d'Art.
Arrivé là, vous pourriez continuer sur la Krasny, passer devant la cathédrale de briques rouges Alexandre Nevski puis rejoindre le fleuve...
Mais non, vous quitterez, enfin peut-être, la grande avenue pour vous diriger sur la gauche, car, on vous l'aura dit, à deux pas d'ici, au numéro 21 de la rue Sverdlova, se trouve le tout petit musée Beriesta.
C'est un musée discret, vous ne serez pas bousculé car, même un samedi, vous pourriez vous retrouver seul visiteur.
C'est ici que l'on peut découvrir l'art populaire des Beriesta. Ce sont des gravures, sculptures, objets... conçus à base d'écorces de bouleau. Des œuvres étonnantes, entre l'art primitif et le folklore, parfois quasiment surréalistes, à vous de juger :
Et aussi, chose surprenante, si vous poussez la porte de cette petite pièce "Interdite aux moins de 18 ans", vous verrez de curieuses sculptures et gravures érotiques faites d'écorces de bouleaux (que l'on ne peut montrer sur un site convenable)...
Puis vous vous quitterez le lieu, non sans avoir échangé quelques mots avec la charmante babouchka qui tient le musée. Elle sera bien contente de votre visite, et parce que vous avez apprécié cet art étrange.
C'est pour ça qu'on aime les voyages je crois, on passe d'un monde à un autre, avec l'idée que l'on va certainement découvrir des choses nouvelles. Alors on pousse des portes, on est étonné, conquis, ou rassuré ou choqué par ce que l'on voit.
Dans tous les cas, ce que je préfère, c'est la sensation de se perdre dans un monde inconnu ou étranger, la langue est différente, la cuisine différente, les rites et les codes différents, ...et en même temps de retrouver toujours les valeurs et les choses essentielles, rencontrer les gens, partager un moment, échanger, trinquer à cette rencontre ..
Je me suis écarté du sujet je crois,... tout ça pour dire que Novossibirsk est une ville agréable et dépaysante pour le visiteur, grande ville industrielle et étudiante, et aussi comme un très gros bourg paisible de Sibérie, les gens y sont affairés, sans être stressés ou énervés.
J'espère que cette balade sur la Krasney vous a donné un aperçu de ce que vous pourriez ressentir dans la visite de cette ville.
Pascal Coquerel,
les notes issues du voyage à Novossibirsk en mars 2019
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