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8 mai 2021 6 08 /05 /mai /2021 20:34

Mon père : Teplitsyn Nicolaï Evguenievitch

par Ella Gontcharova Lombard

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Cette rubrique est consacrée aux personnes qui ont été témoins de la seconde guerre mondiale, la Grande Guerre Patriotique, comme on l'appelle en Russie. Chaque année il en reste de moins en moins. Mais leurs enfants, petits-enfants, leurs proches, ont souhaité partager ces récits, ces histoires familiales avec nous.

Le témoignage suivant est celui d'Ella Gontcharova-Lombard.

Traduction en français est faite par l'équipe de l'Atelier de traduction de Davaï: Anna Orain, Alain H., Christiane Chatelais, Maryvonne Bordas, Marcel Guillot, Jacques Peronne, Nicole V.-R., Pascal Coquerel, Ségolène A. et Nadia Boeva.

Relecture: Maryvonne Bordas.

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La guerre, il l’a connue dans les rangs de l’Armée Soviétique, où, après la fin de sa formation à l’école de théâtre de Rostov-sur-le-Don, il effectua son service militaire obligatoire. Il termina la guerre en mai 1945 sur les marches du Reichstag à Berlin.

Ainsi, mon père, que j’ai toujours eu du mal à imaginer habillé en soldat, lui, si peu militaire dans l’âme, a dû porter l’uniforme pendant 6 ans dont 4 passés au front !

Mon papa, acteur de formation, a traversé la guerre, en première ligne, au sein d'une troupe de "théâtre aux armées", une des nombreuses unités créées à l’époque pour encourager l’esprit combatif de nos soldats et leur remonter le moral. Et ces troupes ne jouaient pas dans des maisons de la culture en ville ou à la campagne, pas plus que sur des scènes de théâtres, comme peuvent le penser maintenant, après tant d’années, des gens qui ont à peine entendu parler de la Grande Guerre Patriotique.

Dans la phrase : «en première ligne, au sein d'une troupe de théâtre aux armées", le mot-clé est « première ligne ».

En effet, cela signifie que les représentations étaient données sur la ligne de front, souvent juste avant la bataille, à proximité immédiate de l’ennemi. Et très souvent, les artistes ayant tout juste terminé leur prestation, les soldats montaient à l’assaut... Et ceci n’est pas un enjolivement de la vie quotidienne au front, ni un extrait du film « la guerre », pas plus que de la propagande soviétique mais la Vérité ! La vérité pure et simple de ces années-là.

Je l’ai entendue de la bouche de mon père qui, en principe, n’aimait pas beaucoup parler de la guerre. Et moi, à cette époque, je ne posais pas beaucoup de questions. Quelle imbécile j'étais ! Si seulement j’avais su ! Si seulement alors j’avais su...

Et papa ? Alors quoi, papa ? le meilleur et le plus aimé... Si jeune et, bien sûr, le plus beau de tous les papas. Il a donné plus de 1000 représentations pour nos combattants, a traversé toute l’Europe et a terminé la guerre sur les marches du Reichstag en participant au grand concert en l’honneur de la prise de Berlin.

Toutefois, il lui arrivait d’évoquer certains souvenirs, le plus souvent il s’agissait de rencontres au front, par exemple, avec des pilotes de l’escadrille « Normandie-Niemen » ou avec Léonid, le nôtre, Ilitch Brejnev, qui était alors un simple commissaire politique...

Il racontait beaucoup d’anecdotes à propos de scènes qu'il avait interprétées. Par exemple, pendant l’une de ses prestations, presque à la fin de la guerre, déjà en Allemagne et à la veille de l’offensive, mon père faillit être abattu par l'un de nos soldats. Et cela, parce qu’il était apparu de façon inattendue en uniforme allemand et en imitant Hitler : la célèbre mèche de cheveux plaquée sur le côté et la moustache avaient fait de lui un parfait sosie du Führer.

Que mon père ait fait ça, je n’en reviens toujours pas aujourd’hui !

Et alors, ayant bondi dans une clairière où étaient positionnés les combattants, mon père interprétant le Führer effrayé et en haillons, dut chanter des couplets satiriques sur « sa bêtise et sa défaite contre les Russes ». Il échappa de justesse à la balle d’un jeune combattant de l’Armée Rouge dont le bras fut dévié par un autre soldat. C’est ainsi que mon père est resté en vie.

En réalité, rien d’étonnant à ce geste : l’Allemagne, la ligne de front toute proche, Berlin en vue, l’avancée méthodique de notre armée, la soif de victoire présente à l’esprit et dans le cœur de chaque soldat, enfin, les retrouvailles tant attendues avec les proches et le repos après cette horreur qu’on appelle la guerre ; sans compter la ration des « 100 grammes » (1) d’alcool pour donner du courage aux combattants à la veille des grandes batailles...

Et soudain, Hitler en personne surgit des buissons. Et bien sûr, il fuit les soldats soviétiques ! Berlin, si proche ! Alors, troublé, un jeune soldat a voulu empêcher la fuite du « Führer ». Heureusement, tout s’est bien terminé et papa, après une légère hésitation, a quand même interprété les couplets d’«Hitler ». C’est ça, l’immense pouvoir de l’Art !

Mais papa avait aussi des souvenirs douloureux... Il était à leur sujet plutôt avare de paroles et d’émotions. Deux d’entre eux l’ont plus profondément choqué, malgré tout ce qu’il avait déjà vu, c’est le camp de concentration de Dachau en Allemagne et les atrocités des bandéristes (2) en Ukraine.

Mais il n’a commencé à m’en parler que bien plus tard, au début de la Perestroïka, peut-être. Et encore, seulement parce qu’une incroyable quantité d’informations, de sources diverses, a commencé à paraître et que tout le monde s’est mis à parler en même temps et de tout à la fois.

Et moi, j’étais curieuse de connaitre la guerre de mon père, celle qu’il avait traversée, à laquelle il avait survécu, résisté tout en restant un homme !

Il a eu un destin difficile et une vie vraiment rude comme l’écrasante majorité de nos compatriotes.

Je sais avec certitude que tout ce que mon père a raconté et vécu, c’est la Vérité ! Vérité « de première main » et non pas, élucubrations sorties d’un esprit malade, 70 ans plus tard (3).

Et jamais je n’oublierai la phrase que papa me répétait très souvent : « Dieu te préserve, ma fille, de connaitre la guerre »...

Que dire de plus...

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(1) En Russie, les quantités d'alcool fort sont exprimées en grammes et non en centilitres. Lors de la guerre, chaque soldat soviétique recevait une ration de 100 grammes de vodka à la veille des grandes batailles, ce qui équivaut, à peu près, à 10cl.

(2) Les bandéristes étaient les partisans de Stepan Bandera, nationaliste Ukrainien. Il a créé en 1941 une légion qui s'est battue avec l'armée allemande contre l'Armée rouge et a participé aux côtés d'unités du IIIème Reich à d'horribles massacres dont celui de nombreux Juifs à Lviv (à l'époque, Lwow en Pologne)

(3) Ici, l'auteur fait allusion aux 70 ans du système soviétique et aux reinterpretations et remaniements des faits historiques par tout un chacun après l'effondrement de l'URSS.

 

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29 mars 2021 1 29 /03 /mars /2021 12:18

Ce projet est né du devoir donné à mes étudiants lors du deuxième confinement, en novembre 2020. 

L'un des sujets de nos cours en ligne était "La première guerre mondiale... et ma famille". Il s'agissait d'écrire un texte en russe, racontant une histoire de la vie des parents ou des connaissances qui ont vécu cette guerre. Ce fut une avalanche de lettres, écrites avec beaucoup de soin en russe, extraites à cette occasion des mémoires des familles...

Alors, avec la permission de tous les participants, nous publierons ici une série de leurs récits, avec la traduction en français qui suit, avec, parfois, de précieuses photos, pour rendre hommage à la mémoire de ces personnes qui ont croqué à pleines dents les épreuves du XX siècle... 

Bonne lecture!

                                                                                                                                                                             

Я хотел бы рассказать вам один эпизод первой мировой войны : историю русского экспедиционного корпуса. В 1916-ом году, чтобы помочь Франции, Россия отправила несколько тысяч солдат. Это было долгое и трудное путешествие для этих мужчин, до нашей территории. Сначала, им нужно было пересечь всю Россию поездом до Далиана.

Там, солдаты должны были плыть на корабле в течении 2 месяцев до Марселя. К тому же, русские не знали нашу страну, они даже боялись, и они не хотели приезжать. Но к счастью, здесь, во Франции, жители приветствовали их с энтузиазмом. Например, когда они пересекали Францию до Шампани, люди часто дарили им подарки : цветы, фрукты или шоколад.

Затем, на поле сражения, французы и русские боролись вместе, в окопах, чтобы освободить страну. И, даже после Русской Революции, несколько солдат сформировали "Русский Легион" во французской армии.

К сожалению, во время этой войны, много солдат погибли, французы конечно, но также русские, из экспедиционного корпуса. Кстати, эти иностранные солдаты были героями, поэтому есть даже мемориал в Шампани, чтобы воздать должное им.

Жан-Луи

Ноябрь 2020

L'arrivée du corps expéditionnaire à Marseille (crédit photo Russia Beyond)

L'arrivée du corps expéditionnaire à Marseille (crédit photo Russia Beyond)

Je voudrais vous raconter un épisode de la première guerre mondiale : l'Histoire du corps expéditionnaire russe. En 1916, afin d'aider la France, la Russie a envoyé plusieurs milliers de soldats. Pour ces hommes, ce fut un long et difficile voyage  jusqu'à notre territoire . Au départ, ils devaient traverser toute la Russie en train jusqu'à Dalian.

De là-bas, les soldats ont embarqué pour deux mois de mer jusqu'à Marseille. De plus, les russes ne connaissaient pas notre pays, ils avaient même peur, et  ne voulaient pas venir. Mais heureusement, ici, en France, les habitants les ont accueillis avec enthousiasme. Par exemple, lors de la traversée de la France jusqu'en Champagne, les gens leur donné souvent des cadeaux : fleurs, fruits ou chocolat.

Puis, sur le champ de bataille, les français et les russes se sont battus ensemble, dans les tranchées, afin de libérer le pays. Et, même après la Révolution Russe, plusieurs soldats ont formé la "Légion Russe" dans l'armée française.

Malheureusement, au cours de cette guerre, de nombreux soldats sont morts, des français bien sûr, mais aussi des russes, du corps expéditionnaire. D'ailleurs, ces soldats étrangers étaient des héros, c'est pourquoi pour leur rendre hommage, il y a même aujourd'hui un mémorial en Champagne.

Jean-Louis

Novembre 2020

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16 mars 2021 2 16 /03 /mars /2021 17:14

Ce projet est né du devoir donné à mes étudiants lors du deuxième confinement, en novembre 2020. 

L'un des sujets de nos cours en ligne était "La première guerre mondiale... et ma famille". Il s'agissait d'écrire un texte en russe, racontant une histoire de la vie des parents ou des connaissances qui ont vécu cette guerre. Ce fut une avalanche de lettres, écrites avec beaucoup de soin en russe, extraites à cette occasion des mémoires des familles...

Alors, avec la permission de tous les participants, nous publierons ici une série de leurs récits, avec la traduction en français qui suit, avec, parfois, de précieuses photos, pour rendre hommage à la mémoire de ces personnes qui ont croqué à pleines dents les épreuves du XX siècle... 

Bonne lecture!

                                                                                                                                                                             

Projet: "Les deux guerres et ma famille"

О первой мировой войне

Я не знаю много вещей об этой войне даже если в лицее мы учили эту тему, но я могу писать что-то о моем дедушке, который лично пережил эту войну.

Он родился в 1893 году во Французских Арденнах, недалеко от границы Германии. С 1913 года он проходил военную службу моряком на военном корабле, который назывался "Справедливый". Он был наводчиком и потом санитаром на этом корабле.

Он рассказывал, что он был в Дарданеллах с 1915 г. до 1916 г., где он воевал. 

Потом он служил на одном минном тральщике. Это должно было быть очень опасно. 

В 1918 г., во время отпуска в порту Марселя, он встретил девушку, которая стала своей женой, моей бабушкой.

Он был демобилизован только в августе 1919 г. после 6 длинных лет.

Клодин.

André Bois, le grand-père de Claudine

André Bois, le grand-père de Claudine

Sur la première guerre mondiale

Je ne sais pas grand-chose de cette guerre même si au lycée nous avons étudié ce thème mais je peux écrire quelque chose sur mon grand-père qui a vécu personnellement cette guerre. 

Il est né en 1893 dans les Ardennes françaises, pas très loin de la frontière allemande. Il a fait son service militaire comme marin sur un cuirassé de guerre qui s’appelait le "Justice". Il fut canonnier puis infirmier sur ce cuirassé. Il racontait qu'il avait été dans les Dardanelles de 1915 à 1916 où il avait combattu. Ensuite il avait servi sur un dragueur de mines. Ce devait être très dangereux. 

En 1918 il rencontre, durant une permission dans le port de Marseille, une jeune fille qui devient sa femme - ma grand-mère. Il fut démobilisé en août 1919 après 6 longues années.

Claudine.

Projet: "Les deux guerres et ma famille"
Projet: "Les deux guerres et ma famille"
Projet: "Les deux guerres et ma famille"

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17 février 2021 3 17 /02 /février /2021 17:26

Ce projet est né du devoir donné à mes étudiants lors du deuxième confinement, en novembre 2020. 

L'un des sujets de nos cours en ligne était "La première guerre mondiale... et ma famille". Il s'agissait d'écrire un texte en russe, racontant une histoire de la vie des parents ou des connaissances qui ont vécu cette guerre. Ce fut une avalanche de lettres, écrites avec beaucoup de soin en russe, extraites à cette occasion des mémoires des familles...

Alors, avec la permission de tous les participants, nous publierons ici une série de leurs récits, avec la traduction en français qui suit, avec, parfois, de précieuses photos, pour rendre hommage à la mémoire de ces personnes qui ont croqué à pleines dents les épreuves du XX siècle... 

Bonne lecture!

                                                                                                                                                                             

Projet: "Les deux guerres et ma famille"

Вот история моего дедушки по материнской линии: Robert Lallemand

Заметьте своё имя для анекдота: Lallemand = Немец!

Он родился в 1893 г. Он был единственным сыном, его родители были фермерами в « l’Eure ».

Он был «готов для службы», в год своего 20-летия. Он был взят в артиллерию, и так как он был хорошим всадником, он заботился о лошадях.

Он рассказывал в своём личном дневнике о строительстве окопов, o грязи  по колено, о вшах, которых солдаты называли «totos », o холоде, о страхе, о своих мертвых товарищах .... никогда не жалуясь.

В марте 1918 г., во время боёв, он был отравлен газом "ипритом",  и он ослеп на 21 день.

11 ноября 1918 г., он все ещё был в бою, всё ещё стреляли пушки со всех сторон, затем наступила полная тишина, и, наконец, радостные крики.... Это было перемирие! Он говорит, что это был лучший день в его жизни.

Он был демобилизован 2 сентября 1919 г.. Он не видел свою семью 6 лет.

Я помню, когда он говорил о войне, он плакал.

Я была молодая и не задавала  ему много вопросов, и я жалею об этом сейчас .

Я доверила его дневник  «Carnet de route » в Национальный архив.

Катрин

Ноябрь 2020 г.

Projet: "Les deux guerres et ma famille"Projet: "Les deux guerres et ma famille"

Voici l’histoire de mon grand-père maternel : Robert LALLEMAND.

Notez son nom de famille pour l’anecdote : Lallemand !

Il est né en 1893. Il était fils unique, ses parents étaient fermiers dans l’Eure.

Il fut "bon pour le service" l’année de ses 20 ans. Il fut enrôlé dans l’artillerie, et comme il était bon cavalier, il s’occupait des chevaux.

Il racontait dans son journal la construction des tranchées, la boue jusqu’aux genoux, les « totos » (poux), le froid, la peur, la mort de ses camarades… sans jamais se plaindre.

En mars 1918, pendant les combats, il a été « gazé» à l’yperite, et il est resté aveugle pendant 21 jours.

Le 11 novembre 1918, il était toujours au combat, il entendait toujours des tirs des 2 cotés, puis il y eut un grand silence, puis enfin des cris de joie, c’était l’armistice. Il disait que c’était le plus beau jour de sa vie !

Il a été démobilisé le 2 septembre 1919, il n’a pas vu sa famille pendant 6 ans.

Je me souviens que quand il parlait de la guerre, il pleurait.

J’etais jeune et je ne l’ai pas beaucoup questionné, je le regrette maintenant.

J'ai déposé son journal de guerre « Carnet de route » aux archives nationales.

Catherine Lebrette

Novembre 2020

Projet: "Les deux guerres et ma famille"Projet: "Les deux guerres et ma famille"

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10 février 2021 3 10 /02 /février /2021 11:03

Ce projet est né du devoir donné à mes étudiants lors du deuxième confinement, en novembre 2020. 

L'un des sujets de nos cours en ligne était "La première guerre mondiale... et ma famille". Il s'agissait d'écrire un texte en russe, racontant une histoire de la vie des parents ou des connaissances qui ont vécu cette guerre. Ce fut une avalanche de lettres, écrites avec beaucoup de soin en russe, extraites à cette occasion des mémoires des familles...

Alors, avec la permission de tous les participants, nous publierons ici une série de leurs récits, avec la traduction en français qui suit, avec, parfois, de précieuses photos, pour rendre hommage à la mémoire de ces personnes qui ont croqué à pleines dents les épreuves du XX siècle... 

Bonne lecture!

                                                                                                                                                                             

О моём прадедушке и войне 14-18

Мой прадедушка (по линии моей матери), Леон Куртин участвовал в первой мировой войне с 1914 до 1918 г. Он всегда говорил, что ему очень повезло, потому что он прошёл всю войну без серьёзных травм.

По словам моей матери, он даже говорил, что это было чудо, потому что получил пулю точно в часы, в кармане, под самым сердцем !

Он был единственным из 29 мобилизованных мужчин своей деревни "Эпехи" (небольшой деревни Соммы между Перонной и Камбре), который прошёл через всю войну. Он участвовал в битве при Вердене. Он воевал в окопах. Там были не только бои, но и крысы, эпидемии, и жизнь под землей в грязи в течение нескольких недель.

Он рассказал, что один раз, спускаясь с насыпи чтобы укрыться, он упал в один окоп, и все солдаты его батальона прошли по нему!

В течение всего этого периода его жена с двумя дочерьми (Надежда - ей было 2 года - и Леони - моя бабушка, которой было 4 года) должны были оставить деревню, потому что их дом был разрушен. Сначала они уехали в Бордо, и потом в Париж. Но когда толстая Берта стала стрелять по Парижу, они ушли и укрылись в Кане, а затем в Байе...

Вивиан

Mon arrière grand-père et la guerre de 14-18

Mon arrière grand-père (du côté de ma mère), Léon Courtin, a participé à la 1ère guerre mondiale de 1914 jusqu’à 1918.

Il a toujours dit qu’il avait eu beaucoup de chance car il a traversé toute la guerre sans blessure grave.

D’après ma mère, il disait qu’il était miraculé car il avait reçu une balle juste sur sa montre contenue dans sa poche devant le cœur !

Il a été le seul sur les 29 hommes mobilisés d’Epehy (petit village de la Somme, entre Péronne et Cambrai) à traverser toute la guerre. Il a participé à la bataille de Verdun ; il combattait dans les tranchées. Il y avait « non seulement les combats mais aussi les rats, les épidémies et la vie sous terre dans la boue pendant des semaines ».

Il racontait qu’une fois, en descendant un talus pour se mettre à l’abri, il était tombé dans une tranchée et tous les soldats de son bataillon étaient passés sur lui !

Au cours de cette période, sa femme et ses deux filles (Espérance âgée de 2 ans et Léonie, ma grand-mère âgée de 4 ans) ont dû quitter le village car leur maison avait été détruite. Elles sont allées tout d’abord à Bordeaux, puis à Paris. Mais quand la grosse Berta a tiré sur Paris, elles ont fui et se sont réfugiées à Caen puis à Bayeux…

Viviane Lizion 

Novembre 2020

Projet: "Les deux guerres et ma famille"

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4 février 2021 4 04 /02 /février /2021 15:49

Ce projet est né du devoir donné à mes étudiants lors du deuxième confinement, en novembre 2020. 

L'un des sujets de nos cours en ligne était "La première guerre mondiale... et ma famille". Il s'agissait d'écrire un texte en russe, racontant une histoire de la vie des parents ou des connaissances qui ont vécu cette guerre. Ce fut une avalanche de lettres, écrites avec beaucoup de soin en russe, extraites à cette occasion des mémoires des familles...

Alors, avec la permission de tous les participants, nous publierons ici une série de leurs récits, avec la traduction en français qui suit, avec, parfois, de précieuses photos, pour rendre hommage à la mémoire de ces personnes qui ont croqué à pleines dents les épreuves du XX siècle... 

Bonne lecture!

                                                                                                                                                                             

О первой мировой войне

Фильм о русских войсках, которые воевали во Франции в годы первой мировой войны - интересный.

Я знал о восстании Мурмелона, а также репрессиях. Но я не знал характера соглашения между Францией и Россией. Этот обмен людей на оружие - исторический скандал.

В юности я много читал об этой войне: «Деревянные кресты» Ролана Доржелеса, романы Анри Барбюса, а также книгу Мориса Женевуа «Солдаты четырнадцати лет». Я пытался понять значение этой необъятной бойни.

Как почти все мужчины его возраста, мой дедушка по материнской линии, участвовал в войне. Как и многие, он уехал в Верден, где был ранен.

Также первый муж моей бабушки умер от газа.

Однако они мало говорили о тех годах, может быть, потому что вторая война стерла первую.

Но я думаю, что о страданиях трудно говорить с лёгкостью.

Жан-Пьер Соваж

La photo de mon grand père prise pendant la guerre. Il porte un brassard noir en signe de deuil de son frère..

La photo de mon grand père prise pendant la guerre. Il porte un brassard noir en signe de deuil de son frère..

Le film sur les troupes russes qui ont combattu en France pendant la première guerre mondiale est intéressant (1).

Je connaissais la rebellion de Mourmelon ainsi que la répression mais je ne connaissais pas la nature de l'accord passé entre la France et la Russie. Cet échange d'hommes contre des armes est un scandale historique.

Pendant ma jeunesse j'ai beaucoup lu sur cette guerre : « Les Croix de bois » de Roland Dorgelès, les romans d'Henry Barbusse ainsi que le livre de Maurice Genevoix : « Ceux de Quatorze ». J'essayais de comprendre le sens de cette immense boucherie.

Comme presque tous les hommes de son âge mon grand-père maternel avait participé à la guerre, comme beaucoup il était allé à Verdun où il avait été blessé.

Le premier mari de ma grand-mère était mort à cause des gaz.

Toutefois mes grands parents parlaient peu de ces années ; peut être que la deuxième guerre avait effacé la première ?

Mais je pense que les souffrances ne peuvent être dites facilement.

Jean-Pierre Sauvage

25 novembre 2020

La photo de ma grand mère avec son premier mari  (qui était le frère de mon grand père.) Cette dernière photo  a été prise à Carcassonne où ma grand mère s'était rendue pour voir son mari hospitalisé "à l'arrière"..

La photo de ma grand mère avec son premier mari (qui était le frère de mon grand père.) Cette dernière photo a été prise à Carcassonne où ma grand mère s'était rendue pour voir son mari hospitalisé "à l'arrière"..

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17 janvier 2021 7 17 /01 /janvier /2021 18:21

Ce projet est né du devoir donné à mes étudiants lors du deuxième confinement, en novembre 2020. 

L'un des sujets de nos cours en ligne était "La première guerre mondiale... et ma famille". Il s'agissait d'écrire un texte en russe, racontant une histoire de la vie des parents ou des connaissances qui ont vécu cette guerre. Ce fut une avalanche de lettres, écrites avec beaucoup de soin en russe, extraites à cette occasion des mémoires des familles...

Alors, avec la permission de tous les participants, nous publierons ici une série de leurs récits, avec la traduction en français qui suit, avec, parfois, de précieuses photos, pour rendre hommage à la mémoire de ces personnes qui ont croqué à pleines dents les épreuves du XX siècle... 

Bonne lecture!

                                                                                                                                                                             

Священный путь

21-ого февраля 1916-ого года немецкая армия бомбардирует форты и траншеи Вердена. Судьба этой битвы зависит от снабжения фронта людьми и техникой, а также от эвакуации раненых. Но во время Первой мировой войны трудно наладить это снабжение с Верденом. Две железнодорожные линии были разрушены или находились под вражеским огнём. Существует только департаментская дорога, которая соединяет Верден и Бар-ле-Дук, и которая была расширена в 1915-ом году. Она позволяет пересекаться двум грузовикам, а быстрому автомобилю пройти посередине. Таким образом, она должна была бы позволить перевозить ежедневно 2000 тонн техники и 15000 человек по желанию генерального штаба. Поэтому для французских войск эта дорога являлась вопросом жизни и смерти.

Перевозка материалов опирается на строгую организацию : только автотранспортные средства имеют право использовать эту дорогу, грузовики должны передвигаться с конвоем, ничто не должно мешать их непрерывному движению.

Projet: "Les deux guerres et ma famille"

Постоянное движение и  оттепель, которая начинается уже с 28 ого февраля, ухудшают эту мягкую известняковую дорогу. Она быстро становится настоящей трясиной. 8200 человек следят за эксплуатацией этой дороги. Каменоломни открыты, и эти солдаты добывают камни, которые они бросают между проходом 2 грузовиков. Более 700000 тонн камней сброшены под колëса грузовиков, чтобы утрамбовать эту дорогу. Регламентируется максимальная скорость. Нельзя обгонять и останавливаться. В случае аварии, грузовики сталкивают в кювет, и там их ремонтируют. Ничто не должно останавливать движение.

Водители работают днём и ночью, по 18 часов подряд, часто более 10 дней подряд, иногда 75 часов без отдыха.

Эта дорога сыграет важную роль в обороне Вердена. 10 месяцев она будет подпитывать этот фронт, который будет сопротивляться немецким наступлениям. В апреле 1916-ого года Морис Баррес дал ей имя «Священный путь», в память о древнем «Via sacra», который привел к победе.

В течение 10 месяцев, с 21-ого февраля до 15-ого декабря 1916 года, эта дорога эксплуатировалась в максимальных пределах своих возможностей. В грязи, холоде, днём и ночью, ехали беспрерывно грузовики для снабжения фронта. Ежедневно они перевозили 13000 солдат, 7000 тонн оборудования, 2000 тонн боеприпасов. Более 6000 машин следовали друг за другом в течение 24 часов, значит одна машина каждые 14 секунд, и даже каждые 5 секунд в самые напряжённые моменты. Они проезжали один миллион километров еженедельно. Никогда раньше ни одна дорога не позволяла обеспечить такое снабжение так долго.

А организатором и руководителем этого Священного пути был капитан Жозэф Думэнк, дед по  материнской линии моего мужа.

Бландина.

Projet: "Les deux guerres et ma famille"

La Voie sacrée

Le 21 février 1916, l’armée allemande bombarde les forts et les tranchées de Verdun. Le sort de cette bataille dépend de l’approvisionnement du front en hommes et en matériel mais aussi de l’évacuation des blessés. Mais à l’époque de la première guerre mondiale il est difficile de desservir Verdun. Deux lignes de chemin de fer ont été détruites ou sont sous le feu de l’ennemi. Il ne reste donc que la route départementale qui relie Verdun et Bar-le Duc et qui a été élargie en 1915. Elle permet à 2 camions de s’y croiser et à un véhicule rapide de passer au milieu. Elle devrait donc permettre d’acheminer quotidiennement 2000 tonnes de matériel et 15000 hommes comme le souhaite l’état-major. C’est pourquoi cette route a un enjeu de vie ou de mort pour les troupes françaises .

L’acheminement du matériel repose sur une organisation stricte : seuls les véhicules automobiles ont le droit d’emprunter cette route, les camions doivent circuler en convois, rien ne doit interrompre leur flux continu.

La circulation incessante et le dégel, qui commence dès le 28 février, détériorent cette route de calcaire tendre. Elle devient vite un véritable bourbier. 8200 hommes sont affectés alors à son entretien. Des carrières sont ouvertes et ces soldats territoriaux en extraient des pierres qu’ils jettent dans les ornières entre 2 camions. Plus de 700000 tonnes de pierres sont déversées sous les roues des camions qui font office de rouleaux compresseurs . Une vitesse maximale est imposée. Il est interdit de doubler ou de stationner. En cas de panne, ceux qui ne sont pas remorquables sont poussés dans le fossé et réparés en dehors de la route. Rien ne doit freiner la circulation. Les conducteurs travaillent jour et nuit 18 heures consécutives, souvent plus de 10 jours d’affilée, certains 75 heures sans repos.

Cette route va ainsi jouer un rôle capital dans la défense de Verdun. Pendant 10 mois, elle va alimenter ce front qui résistera aux offensives allemandes. En avril 1916 Maurice Barrès lui donne le nom de « voie sacrée », en référence à la « Via sacra » de l’Antiquité qui menait à la victoire.

Pendant 10 mois, l’artère est exploitée au maximum de ses capacités. Dans la boue, le froid, de jour comme de nuit, les camions roulent sans discontinuer pour ravitailler la ligne de front. Chaque jour ils transportent 13000 combattants, 7000 tonnes de matériel et 2000 tonnes de munitions. Plus de 6000 véhicules se succèdent en 24 h, soit un véhicule toutes les 14 secondes, voire toutes les 5 secondes aux moments les plus forts. Ils parcourent un million de kilomètres chaque semaine. Jamais auparavant une seule route n’avait permis un tel ravitaillement sur une durée aussi longue.

L’organisateur de toute la logistique de la Voie sacrée était le capitaine Joseph Doumenc, grand-père maternel de mon mari.

Blandine L.

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14 décembre 2020 1 14 /12 /décembre /2020 12:39

Bonjour,

Ce projet est né du devoir donné à mes étudiants lors du deuxième confinement, en novembre 2020. 

L'un des sujets de nos cours en ligne était "La première guerre mondiale... et ma famille". Il s'agissait d'écrire un texte en russe, racontant une histoire de la vie des parents ou des connaissances qui ont vécu cette guerre. Ce fut une avalanche de lettres, écrites avec beaucoup de soin en russe, extraites à cette occasion des mémoires des familles... Aussi, il y avait des histoires de la seconde guerre mondiale.  Et cette écriture en langue étrangère leur donnait peut-être encore une autre facette. Comme l'un de mes étudiants a dit: "J'ai été surpris, moi-même, de me souvenir d'un seul coup, avec autant de précisions et de détails de ces évènements, contés en "légende" par mes parents. J'ai été ému de ressentir subitement une sorte de proximité avec cette époque, avec ces proches lointains..."

Alors, avec la permission de tous les participants, nous publierons ici une série de leurs récits, avec la traduction en français qui suit, avec, parfois, de précieuses photos, pour rendre hommage à la mémoire de ces personnes qui ont croqué à pleines dents les épreuves du XX siècle... 

Bonne lecture!

Nadia Boeva Stettler.

                                                                                                                                                

Война 1914-1918

Мои дедушки не участвовали в войне, но я расскажу историю Эмиля Бома.

Он был учеником в Национальной Школе Изящных Искусств и он изучал рисование и живопись.

Он был отправлен на фронт и он сражался в окопах. Он взял с собой свои альбомы и он рисовал жизнь на фронте.

Projet: "Les deux guerres et ma famille"
Projet: "Les deux guerres et ma famille"

В 1917, он был ранен и после выздоровления, он был назначен в Марокко, возле генерала Лиоте, друга своего отца. Он рисовал географические карты и путешествовал по Марокко. Своё пребывание его восхищало, и всю жизнь он будет помнить цвета, жителей, типичные одежды, белые города...

В 1932, Эмиль Бом получил заказ директора школы "Пэти Сем" во Флере, чтобы украсить часовню, построенную в память о студентах, погибших во время войны.

Он рисовал великолепные фрески, где он изображал с большой силой ужас войны, и тоже свои воспоминания Марокко.

Давайте посетим эту красивую часовню!

Франсуаза

Ноябрь 2020

La Grande Guerre 1914-1918

Mes grands-pères n’ont pas participé à la guerre, mais je vous raconterai l’histoire d’Emile Beaume.

Il était étudiant à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts où il étudiait le dessin et la peinture. Il fut envoyé sur le front et combattit dans les tranchées. Il avait emporté avec lui ses carnets de dessin et il dessinait la vie au front.

En 1917, il fut blessé et après sa convalescence, il fut nommé au Maroc, auprès du maréchal Lyautey, un ami de son père. Il dessinait les cartes géographiques et visitait le Maroc. Son séjour l’enchanta et toute sa vie il se rappellera les couleurs, les habitants, les costumes typiques, les villes blanches…

En 1932, Emile Beaume reçut une commande du directeur de l’école du « Petit Sem» à Flers, afin de décorer la chapelle en souvenir des élèves morts à la guerre.

Il peignit des fresques magnifiques où il reproduisit avec beaucoup de force l’horreur de la guerre et aussi ses souvenirs du Maroc.

Venez visiter cette belle chapelle !

Françoise Mulot

Novembre 2020

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